Oman

Contrairement aux pays du pourtour méditerranéen Oman n’avait pas été calotypé aux temps de pionniers de la photographie. Les premières images du pays n’ont été réalisés que dans le dernier quart du XIXe siècle, après l’industrialisation de la photographie.

Martin Becka avec sa chambre photographique, ses calotypes papier cirés et ses tirages albuminés vient combler cet oubli. De la même façon qu’au milieu du XIXe siècle, un photographe archéologue comme Louis De Clercq, révèle au monde industrieux les ruines de Balbeck ou encore la citadelle de Damas pour lui dire qu’un monde antique de grande ampleur a existé avant lui, Martin Becka, au début du XXIe siècle réitère le message à l’adresse du monde numérique.

Après son entreprise à Dubaï, son voyage à Oman ne pouvait être qu’une méditation. Aux excentriques élévations minérales futuristes dubaïotes devait succéder, à cet endroit si sensible pour les équilibres de nos civilisations, un message venant d’un passé lointain rappelant l’existence d’une autre Arabie faisant corps avec la nature, celle des déserts et montagnes, des wadis et des plaines, des baies et des rivages, celle des villages-palmerais, des cités-oasis, des ports-abris, celle des échanges parcourus par les marins des sables et les caravaniers océaniques tous guidés par les mêmes étoiles. Le regard sur Oman de Martin Becka, là où la géologie et la trace humaine se confondent, nous propose des photographies ou se croisent un mystérieux mélange de fragilité, de puissance et de sérénité.  

Jean Pierre Quignaux