Martin Becka

Dubaï, ville quasi ex-nihilo surgie très rapidement du désert de sable constitue un sujet passionnant. C’est une ville hors du commun. L’afflux des habitants ne provient pas des ruraux du pays rejoignant la ville, mais d’expatriés de toutes origines et classes sociales, venant chercher travail et fortune dans cet Éden mirifique de la globalisation. Quels choix urbanistiques et architecturaux fait-on quand on construit à l’aube du XXI^e siècle une ville vitrine aux ambitions inouïes avec des moyens prodigieux ?

Pour tenter d’y répondre j’ai voulu montrer la ville, l’architecture et l’urbanisme à l’état brut, dans leur radicalité. Ma proposition photographique cherche à désorienter le spectateur par un agencement délibéré d’un « collapse temps » qui conduit l’observateur à regarder le présent sur mes photographies, comme si on le regardait, déjà, depuis un futur lointain. À la poursuite d’un espace temps inconnu, j’essaye d’organiser en quelque sorte une archéologie du présent pour nous emmener à une distanciation nécessaire du monde actuel où les flots d’images déferlent à un rythme effréné. Cette démarche est un éloge à la lenteur et une invitation à la réflexion...